vendredi 27 octobre 2017

Combien de temps encore?

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Tout surpris encore de me réveiller en vie, je me pose la question existentielle par excellence. Combien de réveils me reste-t-il encore? Pour dire la vérité, cet homme qui a maintenant 75 ans est habité plus par les souvenirs que par les projets futurs.

Qu’est-ce que vivre? Qu’est qu’avoir vécu? Comment saisir ce que la vie pourrait encore m’apporter? Je n’ai pas le mode d’emploi pour la suite des choses qui concerne ma vie. Il y a ce vertige devant cette grande inconnue. Je ne vous cacherai pas que je suis assez et passablement hanté par la vieillesse, la maladie et la mort. Comment franchir ce vertige, voilà toute la question?

Repartir à la conquête de moi-même sans boussole et aucune carte ayant déjà tracée le chemin, tel est le destin du septuagénaire que je suis. On pense se connaître, mais ce qu’on sait de nous nous empêche probablement de nous connaître véritablement. J’ai lu quelque part que la vie, comme l’art, c’est tout ce que nous ne pouvons pas connaître, encore moins maîtriser.

Je vis dans une société atomisée et immobile où chacun est dans son coin gobant les vitamines du bonheur. Les gens autour de moi semblent incapables de gérer l’échec et les conflits. Il est impossible de traverser toute une existence sans vivre des moments de bascule. Je prends alors une grande respiration et j’essaie de me convaincre que le présent est le seul lieu du bonheur possible.

 Le fait d’exprimer cette prise de conscience la sort de l’ombre et me fait voir la lumière au bout du tunnel. Il faut que cette réflexion de l’écrivain Robert Lalonde me plonge à nouveau dans l’incertitude. « Je m’explique pas pourquoi chacun doit absolument le chercher, ce maudit bonheur, au risque de se rendre malheureux comme les pierres. » De nouveaux m’éclatent en pleine face les malheurs de notre temps, ces guerres, ces violences que subit notre monde au point d’oublier mes déchirements de conscience face à mon éventuelle finitude.

Il faudra bien que je trouve le moyen de faire naître l’espoir que ces quelques années qu’il me reste à vivre sont les plus importantes à ce moment-ci de ma vie. Force est de creuser au plus profond de moi-même et de faire un saut en hauteur qui fera luire la lumière évidente que le temps présent est de la plus suprême importance. Grégoire Delacourt résume bien tout mon ergotage précédent. « Il faut accepter la mort, que les choses ont une fin, et s’arranger pour profiter au maximum de la chance qu’on a d’être vivant, et d’avoir une vie qui fait que quand vient le temps de partir, on a fait le plein de la vie, on a été heureux, on ne regrette pas. »